
Electographies
Jacques Fivel
Du 14 novembre au 1er décembre 2024
Distorsions électrographiques dans l’œuvre de Jacques Fivel
L’électrographie, encore nommée Copy Art, consiste en l’usage d’un photocopieur à des fins artistiques. Nombre d’artistes, dès l’apparition de l’appareil sur le marché au milieu des années 1970, se sont emparés du médium aux fins de l’expérimenter, et de le faire œuvrer sous d’autres usages que sa fonction première, celle de copier des feuillets.
Le photocopieur, en tant que machine, se prédispose à des réalisations qui permettent des disgressions : interventions lumineuses sur le temps de copie, dégénérescence des copies en copies, autant d’expérimentations artistiques qui ont fait l’objet de recherches esthétiques par Nam June Paik, Andy Warhol, Jean-Michel Basquiat, pour ne nommer qu’eux.
Jacques Fivel est l’un des artistes qui en a fait œuvre. Muni d’un copieur portable de la marque américaine Chinon, un appareil électrique de la taille d’un fax avec un objectif et une fenêtre de vue, il a réalisé des portraits de ses modèles, féminins et masculins, lors des séances de dessin de nus dans son académie au milieu des années 1990, rue Stendhal à Paris.
Une des caractéristiques de cette machine hybride qui se situe entre un dérivé du photocopieur, et l’ancêtre d’un appareil photographique numérique, est que le temps de prise de vue dure une dizaine de secondes. Aussi, Jacques Fivel a eu l’idée d’intervenir sur ce temps de pose en demandant à ses modèles de se déplacer tout au long de sa durée. Il en a résulté des distorsions et ondulations graphiques saisissantes de nus captés en mouvement.
Un autre des aspects de cet appareil est que l’impression sur papier fax se fait simultanément à la prise de vue. Une impression thermique, sensible à la lumière et donc sujette à une disparition progressive, qu’il s’agit ensuite de fixer par l’encre sèche dite toner d’un photocopieur. C’est alors que Jacques Fivel intervient une nouvelle fois en choisissant ses papiers, leurs couleurs et formats. La galerie Leiris Javault - Eva Pritsky a le plaisir de nous les montrer aujourd’hui.
Cette série Distorsions n’en est qu’une parmi d’autres qui sont désormais conservées dans différentes institutions, notamment au musée de Cuenca en Espagne, consacré aux œuvres électrographiques et inauguré à la fin des années 1980. Trois noms s’imposaient alors : Christian Rigal, l’historien du Copy Art, qui a inventé le néologisme « électrographie » ; Jean-Claude Baudot, grand collectionneur d’œuvres électrographiques, et James Durand, professeur d’université qui a créé en 1981 le premier atelier d’expérimentations et de recherches artistiques sur l’électrographie à Paris 8.
Valentine Plisnier
Historienne de l’art et auteure
L’électrographie, encore nommée Copy Art, consiste en l’usage d’un photocopieur à des fins artistiques. Nombre d’artistes, dès l’apparition de l’appareil sur le marché au milieu des années 1970, se sont emparés du médium aux fins de l’expérimenter, et de le faire œuvrer sous d’autres usages que sa fonction première, celle de copier des feuillets.
Le photocopieur, en tant que machine, se prédispose à des réalisations qui permettent des disgressions : interventions lumineuses sur le temps de copie, dégénérescence des copies en copies, autant d’expérimentations artistiques qui ont fait l’objet de recherches esthétiques par Nam June Paik, Andy Warhol, Jean-Michel Basquiat, pour ne nommer qu’eux.
Jacques Fivel est l’un des artistes qui en a fait œuvre. Muni d’un copieur portable de la marque américaine Chinon, un appareil électrique de la taille d’un fax avec un objectif et une fenêtre de vue, il a réalisé des portraits de ses modèles, féminins et masculins, lors des séances de dessin de nus dans son académie au milieu des années 1990, rue Stendhal à Paris.
Une des caractéristiques de cette machine hybride qui se situe entre un dérivé du photocopieur, et l’ancêtre d’un appareil photographique numérique, est que le temps de prise de vue dure une dizaine de secondes. Aussi, Jacques Fivel a eu l’idée d’intervenir sur ce temps de pose en demandant à ses modèles de se déplacer tout au long de sa durée. Il en a résulté des distorsions et ondulations graphiques saisissantes de nus captés en mouvement.
Un autre des aspects de cet appareil est que l’impression sur papier fax se fait simultanément à la prise de vue. Une impression thermique, sensible à la lumière et donc sujette à une disparition progressive, qu’il s’agit ensuite de fixer par l’encre sèche dite toner d’un photocopieur. C’est alors que Jacques Fivel intervient une nouvelle fois en choisissant ses papiers, leurs couleurs et formats. La galerie Leiris Javault - Eva Pritsky a le plaisir de nous les montrer aujourd’hui.
Cette série Distorsions n’en est qu’une parmi d’autres qui sont désormais conservées dans différentes institutions, notamment au musée de Cuenca en Espagne, consacré aux œuvres électrographiques et inauguré à la fin des années 1980. Trois noms s’imposaient alors : Christian Rigal, l’historien du Copy Art, qui a inventé le néologisme « électrographie » ; Jean-Claude Baudot, grand collectionneur d’œuvres électrographiques, et James Durand, professeur d’université qui a créé en 1981 le premier atelier d’expérimentations et de recherches artistiques sur l’électrographie à Paris 8.
Valentine Plisnier
Historienne de l’art et auteure






























